Église Saint Hilaire
Situé dans la vallée de l’Aronde, Coudun était, au Moyen Age, le siège d’une seigneurie dont deux titulaires – Raoul et son fils, Jean – occupèrent des fonctions importantes dans l’entourage royal entre 1350 et 1415. Deux paroisses se partageaient le bourg : Saint-Hilaire, à qui est consacrée l’église actuelle, et Notre-Dame, dont l’église a disparu et où était implanté le château. Saint-Hilaire est l’un des rares édifices romans complet et intact de la région. Remontant essentiellement au 12ème siècle, c’est une construction très complexe, à l’analyse particulièrement ardue.
Son plan comprend une nef basilicale (c’est-à-dire avec bas-côtés) de trois travées, une travée correspondant au clocher et un choeur constitué d’une travée droite terminée par une abside en hémicycle. Deux chapelles formant croisillon sont greffées sur la travée du clocher. Profondément remaniée, celle du nord a conservé une voûte en berceau et un petit chapiteau qui peuvent la dater de la fin du 11ème siècle. Une absidiole aujourd’hui disparue la prolongeait à l’est, à l’emplacement de la sacristie. Rien n’est connu sur cette première église, qui sera largement reconstruite dans les années 1130.
A cette campagne peuvent être attribués la façade, les murs des bas-côtés, le croisillon sud et les parties basses du choeur. D’une composition équilibrée, la façade est une magnifique illustration de l’art roman régional, trop peu représenté aujourd’hui. Son corps central, aux riches effets plastiques, est percé d’un portail encadré par deux arcatures aveugles. En plein cintre, le portail est décoré de trois rangs de bâtons brisés – un décor venu de Normandie – retombant, de chaque côté, sur autant de colonnettes. Son tympan est sculpté de losanges. Au-dessus, la fenêtre est soulignée par un curieux décor de crochets. De chaque côté, les murs terminaux des bas-côtés étaient percés d’un oculus. Ils sont aujourd’hui bouchés, comme le sont également les minuscules fenêtres qui éclairaient les murs en retour. Le croisillon sud a conservé sa voûte d’arêtes, mais son absidiole, qui existait encore au 19ème siècle, a disparu.
La travée du clocher, celle du choeur et l’abside sont couvertes de voûtes d’ogives reçues sur des pilastres par l’intermédiaire de simples tailloirs. Il semble que des voûtes d’arêtes aient été initialement prévues et que les voûtes d’ogives – qui ne sont guère antérieures au milieu du 12ème siècle – résultent d’une réfection ou d’un achèvement tardif. Cette hypothèse est appuyée par l’analyse extérieure du chevet, dont les parties hautes et la corniche beauvaisine de l’abside s’accordent bien avec cette datation. C’est aussi le cas du vaisseau central de la nef qui, avec ses arcades brisées à ressaut, est à l’évidence plus tardif que les bas-côtés.
Outre quelques statues d’art populaire, cette passionnante église possède, remontée dans la nef, la partie centrale de sa poutre de gloire du 16ème siècle, ainsi qu’un bel autel avec tabernacle et retable, du 18ème siècle (2008, modifié 2020).