Relativement épargné durant la Guerre 14-18, Saint-Eloi est un des édifices les plus intéressants du nord-est de l’Oise. Les voûtes d’ogives de la première travée du chœur font partie, en effet, des premières de ce type dans la région et son chœur compte parmi les rares constructions élevées dans l’Oise à la fin du 14ème siècle.
L’église du 12ème siècle comprenait initialement une nef avec bas-côtés, un chœur d’au moins une travée avec bas-côtés et clocher assis sur le vaisseau central et un chevet dont la forme n’est pas connue. De la nef ne restent que les parties basses du vaisseau central, percées de chaque côté de trois arcades brisées retombant sur des piles rectangulaires. Des bas-côtés plus larges et une nouvelle façade ont été bâtis en 1774, comme le montre une inscription figurant sur le pignon de cette dernière.
La première travée du chœur et ses bas-côtés ont conservé leurs dispositions primitives. Supportant le clocher, cette première travée communique avec les bas-côtés par deux arcades en arc brisé semblables à celles de la nef. Elle est couverte d’une croisée d’ogives reçue sur des culs-de-lampe. Les ogives ont simplement leurs arêtes chanfreinées, un profil qui se retrouve au bas-côté nord, remarquable, comme son vis-à-vis, par son étroitesse. L’épaisseur des ogives paraît ici disproportionnée, une remarque qui vaut également pour le bas-côté sud, couvert d’une voûte semblable, mais dont les ogives sont ici profilées d’une arête entre deux tores. Comme à la partie centrale, de simples culs-de-lampe – parfois refaits – reçoivent les ogives.
C’est sans doute durant le règne de Charles V -court répit durant la guerre de Cent Ans – que les parties orientales de l’église sont reconstruites. La partie inférieure de la travée droite de l’ancien chœur, avec ses deux arcades brisées, est conservée et portée à la même hauteur que la première travée. Une abside polygonale aux côtés très inégaux la prolonge directement à l’est. Au nord et au sud, deux bas-côtés continuent ceux existants et s’achèvent en quart de cercle à la naissance de l’abside. Toutes ces parties reçoivent des voûtes d’ogives à profil prismatique. L’effet est particulièrement remarquable à la travée droite et à l’abside, où les ogives viennent se fondre progressivement dans les murs en donnant l’impression que les voûtes sont suspendues telles des toiles d’araignées. Deux clés remarquables de finesse les couronnent : celle de la travée droite représente l’Agneau pascal et celle de l’abside un évêque, sans doute saint Eloi, patron de l’église. La voûte du bas-côté sud possède également une clé, sculptée d’un personnage présentant un blason (effacé).
L’éclairage de l’abside est assuré par trois fenêtres, l’accent étant mis sur celle du centre, plus grande et pourvue d’un remplage (refait à l’identique) où la rose surmontant les deux lancettes adopte – timidement – la forme d’un chœur, premier pas vers les réseaux flamboyants qui se généraliseront au 15ème siècle. Par son plan très original combinant des tracés rectilignes et en segment de cercle, par la distribution inégale de ses fenêtres, par le raffinement de ses voûtes, le chœur de Saint-Eloi est un exemple significatif de l’architecture religieuse si inventive de la fin du 14ème siècle (2008, révisé 2015).